Lorsque l'on quitte Humaita et que l'on veut attaquer la deuxième trans-amazonienne, on se trouve sur la Br 230 durant 1200 km....Cette piste va me permettre de rejoindre dans un premier temps Apui, aujourd'hui je compte faire 400 km. Il s'agit d'une piste, donc là pas de goudron, cette trans-amazonienne n'ayant jamais été asphaltée...
C'est donc à potron-minet que je mets les voiles en direction de l'est, mais à la sortie d'humaita il faut prendre une fois de plus une barge. Puis c'est une piste très rapide, mais très lisse, heureusement c'est sec, les camions s'en donnent à coeur joie, le terrain est plat, il faut s'écarter lorsqu'ils arrivent....
Quelques autochtones résident près de la piste....
Après 150 km, mon attention est attirée par l'entrée d'une fazenda, puis je regarde la piste de nouveau mais hélas je ne peux éviter une pierre plate saillante qui frappe ma roue avant.....ca tape fort, je pense avoir crevé....je m'arrête, rien de suspect....au Km 180, j'arrive dans un village, je fais le plein de carburant, évidemment et comme toujours un attroupement s'installe autour de la moto avec les questions habituelles, la cylindrée, la puissance, la marque, lorsqu'une personne me fait remarquer que mon pneu avant est à plat.....la pierre maudite....et ils m'orientent de suite vers l'atelier de réparation dit "borracharia" qui jouxte la station.....à deux on démonte rapidement et le gars me met une rustine sans dissolution....une technique brésilienne certainement puis c'est le remontage....
Le brésil c'est 200 millions de personnes et c'est immense, mais j'ai rencontré ce gars deux fois à 800 km d'intervalle.....
Comme il est encore tôt, je repars, j'ai encore 100 km à faire pour prendre encore une barge...
Après m'être arrêté à un restau à la sortie de la barge, je reprends ma route, j'ai 100 km à faire .....Alors que je file sur de la latérite bien sèche et très gravillonneuse, ma roue avant se dérobe et je manque de tomber....grosse suée....j'ai encore crevé....je suspecte que la réparation n'a pas tenu, j'ai pourtant roulé 200 km depuis.....je démonte, sors mes outils et effectivement c'est ça.....je remets donc une rustine, avec la dissolution cette fois et je repars en direction d'Apui pour y passer la nuit.....j'acheterai une chambre à air en prévention, car la réparation est mal placée, le trou est sur le flanc de la chambre....
C'est encore de bonne heure que je quitte ma pousada. Je compte faire 300 km pour rejoindre Jacareacanga. Ce matin le ciel est couvert, ca sent la pluie, la piste est humide de la pluie nocturne, j'implore les dieux.... mais je ne suis pas croyants......et eux certainement le savent....
Effectivement après 50 bornes, je prends la flotte, et bien comme il faut.....c'est très glissant, la roue avant va de droite à gauche, je maitrise mal, je progresse lentement, je ne vois pas les kilomètres défilés, je me demande ce que je fais là....2 heures sous la pluie, tempé jusqu'aux os, je le resterai toute la journée....des bourbiers se forment, la journée est dure...mais je me dis que la trans-amazonienne sans la flotte, c'est triste....
Je n'ai fait que 100 km en 3 heures et demi lorsque j'arrive à une autre barge. Pour descendre la moto pas de problème, mais voilà que pour sortir de la barge une pente m'attend......c'est de la glaise, je ne peux pas monter....Après de multiples essais à trois personnes qui poussent, je décharge la moto et on arrive en haut de la pente....les brésiliens rigolent, ils sont habitués.....
Je mange sur la piste quelques provisions et je repars, je sais que des bourbiers m'attendent.....je croise quelques véhicules 4x4, les chauffeurs s'arrêtent et regardent la moto en riant et me souhaitent bon courage....là je me dis qu'avec une 125 je serai mieux.....et sans chargement.....Après de multiples bourbiers, j'arrive près d'un camion qui m'avait dépassé. Il est coincé et en mauvaise posture, il a voulu évité un trou profond et a trop pris sur le coté....
Mais vers deux heures de l'après midi le ciel se dégage et le soleil revient.....la magie de l'équateur, il fait chaud de nouveau, ce n'est pas pour me déplaire....la piste sèche, je peux de nouveau accélérer...l'hôtel de Jacaré fera l'affaire, mon routier embourbé m'a redoublé sur la piste et logera également au même endroit, nous prendrons un verre ensemble....aujourd'hui j'aurai fait 8 heures de moto...j'ai ma dose.
Jacareacanga est un petit village perdu au fin fond de l'Amazonie et ca se sent....
Au matin, voilà que miss KTM fait un caprice, du moins la batterie....Je suis obligé de sortir les câbles que je m'étais préparé et mon ami camionneur me donnera un coup de jus....toutefois je trouve étrange que la batterie aie une faiblesse, il ne faudrait pas qu'aujourd'hui elle refasse ça, j'ai 400 km à faire et apparemment il ne passe pas grand monde sur cette portion de la Br 230, sur 300 km c'est une succession de montées et descentes, les routiers évitent de passer par là....
La piste est belle et il fait un temps superbe, seules les descentes sont à craindre, très gravillonneuses, je me méfie.....
Mais après 180 km, dans une descente, de nouveau la crevaison, la moto part en travers, je rattrape in extrémis, nouvelle suée.....cette fois c'est ma rustine qui n'a pas tenue, mais j'ai anticipé, souvenez vous, j'avais acheté une chambre à air à apui......
Enfin au Km 230 en pleine forêt, mais près d'un aérodrome fréquenté par les orpailleurs, un restaurant m'attend et alors là c'est sera le restau de cette aventure.....la cuisinière est très sympathique mais surtout experte et me propose un mixte....du poulet, de l'agneau,du boeuf, légumes, salade.....royal....je ne peux pas tout manger.....pour ceux qui veulent l'adresse.....c'est tout droit, il n'y a que lui....agrandissez la photo et notez les morceaux de viande.....5 euros le repas.....vous revenez quand vous voulez qu'elle m'a dit la brave dame.....
Enfin les derniers 50 km pour arriver à Itaituba me feront manger de la poussière....je prends comme d'hab une pousada sans étoile, mais la taulière bien agréable insiste pour que la moto dorme dans le salon, entre le canapé et l'écran plat.....on ne s'en plaindra pas
Au matin de nouveau une barge, mais celle là est immense, je réponds comme toujours aux mêmes questions sur les caractéristiques techniques de la moto...
Itaituba est une ville sans intérêt et surtout sans entretien......
En amazonie les bus sont surélevés....
Aujourd'hui je dois finir ma trans-amazonienne, je n'ai que 350 km à faire pour rejoindre Santarem, avec environ 100 km d'asphalte.....mais la piste est très pratiquée, de nombreux camions, mais surtout c'est l'enfer de la poussière, elle est très sèche et 1 cm de farine recouvre le sol à certains endroits.....
Voilà ca y est j'ai retrouvé le goudron, mais aussi les incidents......un camion a renversé sa cargaison de canettes en alu
Alors que tout s'est bien passé jusqu'à présent et que j'ai fini pour ainsi dire la piste, à environ 15 km de Santarem lorsque j'arrive dans sa banlieue, j'entends une explosion qui visiblement vient de la bécane.....aussitôt la moto s'arrête....plus de contact au tableau de bord.....je suspecte la batterie avec l'incident de la veille à Jacaré....j'enlève la selle et effectivement je constate que la batterie a explosée !!!!.....30 ans de moto, je n'ai encore jamais rencontré ou vu ça.....Comme je suis devant une maison où les proprios sont à l'extérieur, ils viennent me voir et après que je leur ai expliqué le problème, pour eux il n'y en a plus........ils m'amènent dans une concession moto et là le gars me sort la même batterie que la mienne.....magique, elle m'attendait.....le retour se fera en moto taxi, deux heures après j'étais dans un hôtel à Santarem....
Mais dans mon malheur, j'ai eu de la chance, si l'incident s'était produit la veille en pleine forêt, en 200 km, je n'ai croisé qu'un camion......les dieux ne m'en veulent pas apparemment.....
Du repos à Santarem me fera du bien, surtout que la batterie en explosant à cramé le GPS et les lampes qui étaient allumées....qui pourtant étaient protégées par un fusible qui lui n'a pas lâché....étonnant.....